To Marc-Auguste Pictet   16 janvier 1825

Paris, 16 janvier 1825
Monsieur très cher et très honoré confrère,

J'ai lu avec une vive satisfaction l'article du cahier de novembre de la Bibliothèque Universelle * qui est relatif aux deux petits ouvrages que j'ai publiés l'année dernière 1. Je vous prie d'en agréer tous mes remerciements. Il m'a fait d'autant plus de plaisir qu'en présentant un aperçu exact des quatre principaux résultats de mes expériences et de mes calculs, l'action entre deux fils conducteurs, celle de la terre sur un de ces fils, la formule qui représente l'action élémentaire dont elles dépendent et les conséquences de cette formule, enfin la réduction de tous les phénomènes magnétiques aux lois de l'action électro-dynamique et l'application de la même formule à ces phénomènes, vous en donnez une idée suffisante pour que les personnes qui s'occupent de ces matières soient portées à examiner les questions que j'ai résolues, examen qui est le seul objet de mes désirs.

Je n'ai pas été moins flatté de ce que vous dites au sujet de l'instrument que j'ai imaginé pour rendre facile toutes les expériences nécessaires pour constater les faits et établir les lois sur lesquelles repose ma formule ; ce n'est en effet qu'à mesure que l'usage de cet instrument deviendra habituel, et qu'on en aura dans tous les cabinets de physique, que l'on pourra apprécier l'exactitude des uns et des autres.

Je vous prie, Monsieur et très cher confrère, de me rappeler au souvenir de nos amis communs, MM. de la Rive, Prevost, de Candolle, et de plusieurs autres membres de la Société de Physique et d'Histoire [naturelle], dont j'ai reçu pendant mon trop court séjour tant de témoignages d'amitié et de bienveillance dont je conserverai toute ma vie le plus précieux souvenir. J'ai l'honneur d'être avec respect et reconnaissance, Monsieur et très cher confrère, votre très humble et très obéissant serviteur. A. Ampère

P.S. : Si vous avez l'occasion de voir M. de la Rive le fils je vous prie de le remercier particulièrement des lettres qu'il m'écrit quelquefois et qui en me donnant des nouvelles de ses travaux dans les sciences et des savants de Genève me font toujours le plus grand plaisir.

à Monsieur Pictet, professeur à l'académie de Genève , correspondant de l'Académie des sciences de Paris , l'un des auteurs de la Bibliothèque Universelle, à Genève, Confédération helvétique
(1) L’extrait de ces deux brochures paraîtra dans Bibl[iothèque] Univ[erselle] de novembre 1824 (t. 27, pp. 192-198).

Please cite as “L902,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L902