From Claude-Julien Bredin   2 décembre 1811

2 décembre 1811

[61] Mon cher ami, où es-tu ? Pourquoi ne dînes-tu pas aujourd'hui avec d'Ambérieux, Ballanche, Camille Jordan et Bredin ? Je ne sais où tu dînes aujourd'hui ; mais, à coup sûr, tu ne seras pas avec des convives qui t'aiment autant que les quatre que je viens de te nommer. Quel vide ton absence laisse au milieu de nous !

Mon ami, je suis encore tout ému, encore tout effrayé. Le malheur le plus affreux a menacé ton pauvre ami et menacé de bien près. Il n'y a point eu de mal. Il n'y a que mon pauvre papa qui s'est brûlé deux doigts. Le feu a pris à la robe de ma Pauline. Quelle épouvantable mort ! Y songes-tu ! 1. ç'eût été bien difficile à supporter. Une minute de plus et j'avais cet affreux spectacle. La robe et les cheveux sont un peu brûlés et voilà tout. Mon papa s'est heureusement, trouvé de l'eau ; mais ce bon papa souffre et il se trouve bien heureux de souffrir.

[62] [illeg] [63] Ton Granger a enfin apporté les trois tableaux qui ne sont pas en bon état. Quand Epinat les aura vus, je t'en parlerai [illeg] Je ne t'ai peut-être pas dit que Barret a quitté Lyon. Il est au séminaire de Meximieux près d'Ambérieux. Probablement il va revenir.

Adieu cher ami, écris souvent à ton pauvre C-J Bredin

Je n'ai plus de temps.

[64] Monsieur Ampère, inspecteur général de l'Université impériale. Cour du Commerce n°19 près de la rue des fossés S[ain]t Germain à Paris.
(1) Son fils Henri devait mourir à quatre ans, le 6 septembre 1819, dans les mêmes conditions.

Please cite as “L906,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 2 May 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L906