From Claude-Julien Bredin   mai 1812

Fin mai 1812

[254] [illeg] Tu aimes surtout que ton ami te donne de ses nouvelles. Je vais te servir de ton goût. Mais il me faudra bien du temps pour te dire où j'en suis. La santé du corps est passable, celle de l'âme est bien mauvaise, toujours chancelante. Mille et mille chagrins toujours les mêmes, toujours de nouveaux qui viennent combler la mesure, et la mesure déborde. Dans ce moment[255] même, en t'écrivant, mon père est là qui me parle. Comment pourrais-je t'écrire avec quelque suite ? C'est un spectacle si affligeant, sa voix brisée, ses yeux ternis, son corps qui se plie, ses mains qui tremblotent sur ses papiers, etc. Qu'est-ce que tout cela m'annonce ?

[illeg] Et mon vilain caractère ! Où est le temps que j'étais si fort, si énergique, où j'étais si bien le maître ? Mes impressions étaient soumises à ma volonté, j'étais un homme libre et, à cette heure, que suis-je ? Tout est passion, je suis sans frein, ou, du moins, je ne sais plus me réprimer [illeg] [256] [illeg]

[257] A monsieur Ampère, inspecteur général de l'université impériale. A Nice (poste restante) Alpes Maritimes

Please cite as “L910,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 29 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L910