From Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   16 mars 1802

[117] Du Mardi matin [16 mars 1802]

Mon bon ami,[illeg] j'ai reçu hier ta lettre du vendredi où tu m'apprends l'ouverture de ton cours... Tu es donc bien hébété, mon pauvre ami. Tu es donc passé d'un état d'agitation à un état qui tient un peu du sommeil, mais qui ne vous fait cependant pas oublier tout ce qu'on a éprouvé. On est seulement surpris d'avoir été dans cette agitation. Voilà ce que je suppose que tu éprouves. Tu me dis que je ne te comprendrai que si, autrefois, je me suis trouvée dans des circonstances à peu près les mêmes. J'ai surtout éprouvé l'état dont je te parle au moment de notre mariage jusqu'au jour du contrat. Je ne dormais point, je ne pouvais rester un instant à la même place. Ma signature une fois donnée, je fus comme tu t'es trouvé après l'ouverture de ton cours et, lorsque nous sortîmes de la municipalité, j'étais dans [118] une telle apathie que je vis maman qui me quittait sans une grande émotion. Voilà, mon bon ami, la dernière circonstance où je me suis trouvée comme tu es maintenant. Depuis ce temps, j'ai toujours été agitée, ou par mes idées ou par mes occupations [illeg]

Du jeudi soir [18 mars 1802] - Je voulais hier continuer mon journal, mais j'en fus empêchée par une indisposition de maman qui m'a bien troublée [illeg] Ne sois pas surpris de ne pas avoir de lettres bien longues de ta Julie ! Maman, qui m'aidait à avoir soin du petit, est à présent obligée d'être sur sa chaise [illeg] [119] [illeg]

[120] Du vendredi malin [19 mars 1802] - [illeg] J'espère que, dans quelques jours, tout ira à l'ordinaire [illeg] Ta lettre est bien détaillée et m'a fait grand plaisir. Cependant ne te donne plus l'ennui de faire tes comptes dans tes lettres ; car, pourvu que tu les fasses pour toi, c'est tout ce qu'il en faut et le reste doit t'ennuyer beaucoup[illeg] Je vois dans toutes tes lettres que tu n'as pas un instant à toi et je ne me suis pas décidée à envoyer [121] tes livres de mathématiques, pensant bien que tu ne pourrais pas t'en servir [illeg] Dis-moi ce que tu as fait du livre de Ballanche * ! M. Couppier le demande. écris à maman, je t'en prie ; elle a été malade, c'est une bonne occasion de commencer puisque tu ne l'as pas fait plus tôt [122] [illeg] Ne relis jamais tes lettres, c'est du temps perdu. Ton petit se porte très bien et est bien drôle.

Monsieur Ampère

Please cite as “L97,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 28 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L97