To ?   9 août 1825

[1] Paris 9 août 1825
Monsieur,

La découverte des paragrêles dont la première indication se trouve dans des expériences faites en grand aux environs de Munich et qui ont été communiquées à l'Académie royale des sciences il y a déjà longtemps, est trop importante pour que l'on ne réponde qu'à demi, comme j'avoue qu'il me semble que l'a fait l'auteur d'un article que je viens de lire dans le n° du Globe qui a paru aujourd'hui, aux objections qu'opposent à cette découverte des personnes assez étrangères aux plus simples notions de la physique pour prétendre que les arbres doivent être d'aussi bon conducteurs des [2] deux fluides électriques que des fils métalliques, et qu'en supposant que ces fils n'ont qu'une ligne de diamètre, on ne peut en attendre aucun effet, parce qu'elles croient apparemment qu'il faut qu'un conducteur métallique soit fort gros pour qu'il ouvre un libre passage à ces fluides.

Je ne peux néanmoins qu'applaudir à l'article de votre journal où l'on répond à de si étranges assertions, mais j'avoue que j'ai été surpris de lire à la fin de cet article : Ajoutons que quand même la physique ne pourrait rendre raison des effets des paragrêles, ce ne serait pas un motif pour ne pas continuer les expériences à ce sujet.

L'auteur aurait raison de s'exprimer ainsi et de rappeler que l'on n'a point encore d'explication certaine de la chute des aérolithes, et qu'on a cru longtemps, avant qu'on connût la théorie du [3] rayonnement, qu'il suffisait d'intercepter par un simple abri celui qui a lieu sous un ciel serein, pour prévenir, du moins en partie, les effets désastreux des gelées, mais ces réflexions générales sont ici sans application. Il fallait au contraire faire remarquer que d'après l'explication qu'a donné de la formation de la grêle le célèbre physicien de Pavie 1, et qui est généralement adoptée, et d'après l'action connue des pointes sur l'électricité, non seulement la physique rendait raison des effets avantageux des paragrêles, mais encore que si l'observation n'avait pas confirmé les effets que leur ont attribués ceux qui les ont proposés, c'eût été un fait dont il serait bien difficile aux physiciens de rendre raison dans l'état actuel de la science. Heureusement qu'ils ne se trouveront pas dans cet embarras puisque les succès qu'on a obtenus partout où l'on a multiplié suffisamment les paragrêles ont montré qu'ils diminuent assez la tension de l'électricité atmosphérique pour prévenir la formation de la grêle.

[4] Il n'en est pas, au reste, des paragrêles comme des paratonnerres, il suffit d'un seul paratonnerre pour préserver de la foudre l'édifice sur lequel il est élevé, mais [illeg]

Peut-être Alessandro Volta.

Please cite as “L973,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 29 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L973