From ? [Un auditeur d'Ampère au Collège de France]   s. d.

s.d
[133] Monsieur,

. \remarque importante d'un autre auditeur : le libretto fait qu'on entend l'accent gascon ou normand de l'acteur qu'on n'entendait pas auparavant./

Il me semble qu'il y a une explication plus simple l'écrivain ne donne pas d'explication, il décrit le fait que j'explique que celle que vous nous avez donnée par ce mot barbare de concrétion du phénomène que vous avez rapporté et qui s'observe dans une foule de cas. Il est très vrai que je vois distinctement les lettres d'un mot placé à une certaine distance lorsque je sais quel est le mot que ces lettres expriment, tandis que si je l'ignore, je ne les distingue pas. De même je vois distinctement la forme des traits d'une personne qui m'est connue, tandis qu'à la même distance je ne puis distinguer ceux d'une personne que je vois pour la première fois. \Cela ne peut être qu'à cause de la concrétion./ Lorsque j'entends parler pour la première fois une langue, je ne distingue aucun mot, mais à mesure que je fais des progrès dans la connaissance de cette langue je sépare les noms et je distingue les mots. Tout ceci ne vient-il pas de ce qu'une image imparfaite suffit pour me rappeler une idée, lorsque j'ai la connaissance de cette idée, tandis que [134] dans le cas contraire elle a besoin d'être nette pour me la faire concevoir. Dans l'exemple que vous avez cité de M. de Laplace, ces traits noirs ne feraient pas distinguer le nom à celui qui ne saurait pas lire. \Certes oui dans mon opinion, car ils ne réveilleraient pas les idées qui doivent se concréter./Encore un exemple. Je puis lire et distinguer à une très faible lueur les mots d'une page que je connais par cœur, tandis que je ne pourrais lire ceux de la page suivante, que je ne sais pas.\ Cela ne peut être qu'à cause de la concrétion ./ Je ne vois point là de concrétion, mais seulement la preuve que les images n'ont pas besoin d'être nettes pour celui qui sait de quoi il s'agit.

C'est pour cela que celui qui connaît à fond la matière d'un livre, comprend un auteur quelque obscur qu'il soit\ à cause de la concrétion/, tandis que l'étudiant ne le comprend pas ; et c'est encore pour cela que nous avons si peu de bons livres élémentaires, tous ceux qui en composent de tels, connaissant la matière, croient avoir expliqué clairement leurs pensées tandis que celui qui apprend ne le comprend pas. C'est encore pour cela que nous apprenons mieux dans les leçons orales que dans les livres, parce que le ton, les gestes, aident à rendre plus claires les paroles du professeur.

Agréez Monsieur l'assurance de ma haute considération, Un de vos auditeurs.

[135] Monsieur Ampère, professeur au Collège de France

Please cite as “L974,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L974