From Bigeon   11 février 1830

ce 11 février 1830
[1] Monsieur,

Toutes nos expériences ont réussi. J'ai obtenu parfaitement le mouvement continu de rotation d'une double spirale électrodynamique séparée par une feuille de papier d'un cercle de cuivre en mouvement. Ce mouvement n'est pas extrêmement rapide, ce qui peut provenir du peu d'énergie de la pile que j'ai employée, mais il l'est beaucoup plus que ne l'avait été dans nos expériences le mouvement de rotation d'un conducteur flottant. J'ai employé divers moyens de communication du fluide galvanique des conducteurs fixe au conducteur mobile. Celui qui m'a le mieux réussi consiste en deux coupes percées au centre, et amalgamées de mercure, la capillarité retenant une quantité suffisante de ce liquide. J'espère au reste avoir le plaisir de vous voir dimanche prochain, et vous donner les explications que vous pourriez désirer. J'ai fait aussi quelques expériences galvanométriques en appliquant un fil de torsion de cannetille [argent] à un galvanomètre à double aiguille qui étant ramenée chaque fois à sa position [2] primitive donnait la mesure du pouvoir électrodynamique relatif. J'ai pu reconnaître ainsi qu'une surface de cuivre unie produisait un effet un peu moindre qu'une surface rayée ou percée de trous formant des bavures saillantes, que l'inclinaison des lames de cuivre et de zinc sur la ligne qui joint leurs centres diminue l'électricité transmise ; qu'il en est de même de l'écartement des lames ; que le principe posé par M. Marianini touchant la proportionnalité de l'effet produit à la surface de cuivre immergée indépendamment de la surface du zinc, ou à peu près ; sensiblement vrai quand les deux surfaces électromotrices sont très éloignées cesse de l'être quand elles sont très rapprochées, l'effet maximum étant alors produit lorsque le cuivre est à peu près égal en surface au zinc, c.à.d. qu'à chaque élément de la surface d'un des métaux correspond un élément de l'autre, parallèle et très peu éloigné. J'ai fait aussi quelques expériences sur les liquides conducteurs pour déterminer ceux dont l'emploi est plus avantageux. J'ai lu à la Société des sciences etc. de Toulon, le jour où vous lui avez fait l'honneur de bien vouloir lui être associé, une analyse de ces expériences que je vous communiquerai dimanche si vous en êtes désireux.

Mille choses aimables de ma part à monsieur votre fils dont je regrette infiniment de ne pouvoir cultiver la société aimable et instructive autant que je le désire et que j'en aurais besoin, ainsi que de la vôtre, et vous, Monsieur, je vous prie de recevoir l'expression des sentiments d'estime, de respect et d'admiration avec lesquels j'ai l'honneur d'être votre dévoué serviteur. Bigeon

[3] A Monsieur Ampère, membre de l'Institut etc. etc. à Hyères

Please cite as “L999,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L999