Joseph Antoine Ferdinand Plateau to Faraday   8 March 1833

Bruxelles le 8 Mars 1833

Monsieur

Permettez-moi d'abord de vous offrir mes bien Vifs remerciments pour la bonté que vous avez eue de m'envoyer votre mémoire sur les illusions d'optique1, je l'ai lu avec un plaisir extrême et je me suis empressé de produire les effets que je ne connaissais pas encore. Nous nous sommes rencontrés en plusieurs points; mais votre notice renferme des experiences extrêmement interessantes qui vous sont entierement propres, telles que les effets des roues tournant devant un miroir et dont certaines parties semblent se mouvoir, tandis que d'autres paraissent immobiles; telles encore que l'illusion produite par une brosse circulaire et par laquelle vous donnez une explication plausible du phé‑nomene que présentent les rotiferes. Vos expériences sur les roues tournant devant une glace m'ont inspiré l'idée d'un nouveau genre d'illusions qui m'ont paru très-curieuses et qui, en modifiant convenablement la maniere de les produire, pourraient peut-être recevoir d'autres applications, par exemple, dans la Fantasmagorie. Je prends la liberté de vous envoyer, ci-joint, un exemple de ces illusions que vous concevrez probablement à la seule inspection du cercle et des figures, et sur lesquelles vous trouverez d'ailleurs des détails dans le N° de la correspondance de l'observatoire 2 que Mr Quetelet vous envoie; je vous recommande seulement de ne pas vous placer trop près du miroir, car les petites figures deviennent alors confuses, et aussi de faire plutot l'expérience le soir; Enfin vous aurez sans doute bientot trouvé toutes les conditions les plus favorables. Je vous prie d'accepter en même temps un petit instrument destiné à recevoir le cercle de carton: vous concevrez aisément, en voyant ce petit appareil, la manière de vous en servir; je crois seulement necessaire de vous prévenir qu'il se termine par une vis munie de son écrou, comme vous le voyez ci-dessous où j'ai séparé les deux pieces:

diagram

de sorte que, pour l'employer, on introduit d'abord la vis dans le trou percé au centre du cercle de carton, puis on y place l'écrou que l'on serre suffisamment. De cette maniere le cercle se trouve solidement attaché à la piece de cuivre ab, et on peut le faire tourner avec la plus grande facilité autour du fil de fer qui sert d'axe, sans qu'il puisse s'incliner de côté ou d'autre; enfin cet axe est legerement aminci dans la plus grande partie de sa longueur, de sorte que la piece cylindrique ab n'éprouve de frottement que dans un très- petit nombre de points.

Vous verrez, Monsieur, dans l'article de la correspondance relatif à ce genre d'illusions, que je me suis hâté de saisir l'occasion de répondre au désir que vous m'aviez manifesté, et de faire connaître l'empressement et l'obligeance que vous aviez bien voulu mettre à reconnaître la priorité de mes observations.

Je prends la liberté de vous envoyer en même temps un autre N° de la ‑correspondance dans lequel j'ai inséré un aperçu du travail dont je m'occupe maintenant sur une grande classe de phénomenes de la vision, qui comprend, entr'autres, la durée de la sensation de la vue3. Depuis l'insertion de cet article, cependant, mes idées se sont légerement modifiées, mais seulement de maniere à rendre la chose encore plus simple: j'espere pouvoir dans peu de temps vous offrir le mémoire dans lequel ce sujet, que je n'ai fait qu'indiquer dans la correspondance, sera traité avec développement4.

Le vif intéret que doit porter un physicien à tout ce qui regarde le sujet dont il s'occupe spécialement, et le désir qu'il doit avoir de connaître tout ce qui a été fait sur cette matiere seront, j'espere, mon excuse auprès de vous, Monsieur, et j'ai la confiance que vous voudrez bien ne pas regarder comme indiscrete la demande que je prends la liberté de vous faire de quelques renseignements relatifs au genre de recherches sur lesquelles j'ai eu l'honneur de me rencontrer avec vous: Dans votre mémoire, vous dites que Mr Wheatstone s'occupe de recherches5 plus générales et qui renferment les effets produits par les roues; comme je me suis aussi occupé d'effets plus généraux et dont ceux des roues sont des cas particuliers, ainsi que vous l'avez vu dans ma lettre aux rédacteurs des annales de physique et de chimie6, vous concevez combien je dois désirer de savoir si Mr Wheatstone a publié son travail, ou de connaître au moins, d'une maniere un peu plus précise, de quoi il traite. Je le désire d'autant plus vive‑ment que peut-être ces renseignements necessiteraient des modifications ou des additions au mémoire auquel je travaille. vous parlez aussi, dans votre mémoire, à propos de la durée de la sensation de la vue, des effets du Kaleïdophone, instrument dont je n'ai aucune connaissance: J'aurais donc une obligation à ajouter à celles que je vous ai déjà, Monsieur, si je pouvais obtenir de vous quelques éclaircissements à l'égard du travail de Mr Wheatstone et à celui du Kaleïdophone7, éclaircissements que je me reproche á moi-même de vous demander, quand je songe combien votre temps est précieux et de quelle maniere vous savez l'employer.

Si vous me faites l'honneur de me répondre, veuillez, Monsieur, avoir la bonté de m'adresser directement votre lettre, par le service des postes, chez Monsieur Quetelet, à l'observatoire, autrement les lettres et paquets restent ordinairement plusieurs mois en route.

Veuillez me croire, Monsieur, avec tous les sentiments d'estime et de con‑sidération

Votre très-humble et très-dévoué | Serviteur | Jh Plateau

TRANSLATION

Brussels 8 March 1833

Sir,

Allow me first to offer you my most profound thanks for the kindness that you had in sending me your paper on optical illusions8. I read it with great pleasure and I hurried to produce the effects with which I was not already familiar. We had several things in common but your note encloses some very interesting experiments which are entirely your own, such as the effects of wheels turning in front of a mirror and of which certain parts seem to move, whilst others seem to remain stationary and also those where the illusion is produced by a circular brush and by which you give a plausible explanation of the phenomena presented by rotors. Your experiments on wheels turning in front of a mirror have inspired me with the idea of new kinds of illusions which seemed very interesting to me and which, by modifying appropriately the manner in which they might be produced, could perhaps be put to other uses, for example, in phantasmagoria. I take the liberty of enclosing an example of these illusions which you will understand probably simply by looking at the circle and the figures and on which you will moreover find details in the copy of the Correspondance de l'Observatoire 9 that Mr. Quetelet is sending to you; all I suggest is that you do not place yourself too close to the mirror, since the little figures become confused then and to conduct the experiment towards evening. In short you will soon have found all the most favourable conditions. Please accept at the same time a little instrument to hold the card circle: you will easily understand, on seeing this little instrument, the way to use it; I think I should tell you that it ends in a bolt and nut, as you can see below where I have separated the two pieces, so that to use it, one must first put the bolt in the hole pierced in the centre of the card circle, then put the nut on and screw it up sufficiently. In this way, the circle is solidly attached to the piece of copper ab and one can make it turn with the greatest ease around the iron wire which serves as an axis, without it being able to incline to one side or the other; lastly this axis is slightly thinned down for the greatest part of its length, so that the cylindrical piece ab does not experience any friction except at a very few points.

You will see, Sir, in the article of the Correspondance relating to these types of illusions, that I have hastened to seize the opportunity of replying to the desire you have shown me and to make known the eagerness and kindness you have extended to me in recognising the priority of my observations.

I take the liberty of sending you at the same time another copy of the Correspondance in which I inserted a general survey of the work which I am currently undertaking on a large range of phenomena of vision, which includes, amongst others, the length of the sense of sight10. Since inserting this article, however, my ideas have slightly changed, but only in a way as to make the whole thing even more simple. I hope, in a short space of time, to be able to offer you the paper in which this subject, which I have but outlined in the Correspondance will be developed11.

The keen interest that a physicist must have for all that concerns his specialist subject and the desire which he must have of knowing all that has been done on this subject will, I hope, excuse me, Sir, and I have the confidence that you would not regard as indiscreet the request that I take the liberty of making to you for some information concerning the nature of the research through which I had the honour of encountering you. In your paper you say that Mr. Wheatstone is working on more general research12, which includes the effects produced by wheels; since I too have worked on more general effects, of which those of wheels are specific cases, as you have seen from my letter to the editors of the Annales de phisique et de chimie 13, you will understand how much I must wish to know if Mr. Wheatstone has published his work or to know at least in a little more detail what it is about. I wish it all the more keenly since this information might perhaps necessitate modifications or additions to the paper on which I am working. You speak also in your paper concerning the length of the sense of vision of the effects of the Kaleidophone, an instrument of which I have no knowledge. I should, therefore, have one request to add to those I have already made, Sir, if I could obtain from you some clarifications as regards to the work of Mr. Wheatstone and to the Kaleidophone 14, clarifications which I reproach myself for requesting, when I think how precious your time is and how well you know how to use it.

If you honour me by responding, please, Sir, have the kindness to address your letter directly to me, by the service of the post office, c/o Mr. Quetelet at the Observatory, otherwise letters and packets generally take several months to arrive.

Please believe me, Sir, with all the sentiments of esteem and consideration | Your most humble and most devoted | servant | Jh Plateau.

Faraday (1831a). See letter 600.
Plateau (1832b).
Plateau (1832a).
Plateau (1834).
Faraday (1831a), 217.
Plateau (1831).
Wheatstone (1827).
Faraday (1831a). See letter 600.
Plateau (1832b).
Plateau (1832a).
Plateau (1834).
Faraday (1831a), 217.
Plateau (1831).
Wheatstone (1827).

Bibliography

FARADAY, Michael (1831a): “On a peculiar class of optical deceptions”, J. Roy. Inst., 1: 205-23, 334-6.

PLATEAU, Joseph Antoine Ferdinand (1831): “Sur une Illusion d'optique”, Ann. Chim., 48: 281-90.

PLATEAU, Joseph Antoine Ferdinand (1832a): “Sur quelques phénomènes de vision”, Quetelet Corr. Math., 7: 288-94.

PLATEAU, Joseph Antoine Ferdinand (1832b): “Sur un nouveau genre d'illusions d'optique”, Quetelet Corr. Math., 7: 365-8.

PLATEAU, Joseph Antoine Ferdinand (1834): “Essai d'une Théorie générale comprenant l'Ensemble des Apparences visuelles qui succèdent à la Contemplation des Objets colorés, et de celles qui accompagnent cette contemplation: c'est-a-dire la Persistance des Impressions de la Rétine, les Couleurs accidentelles, l'Irradiation, les Effets de la Juxtaposition des Couleurs, les Ombres colorées, etc.”, Mém. Acad. Sci. Bruxelles, 8. [Separately paginated].

WHEATSTONE, Charles (1827): “Description of the Kaleidophone, or Phonic Kaleidoscope; a new Philosophical Toy, for the Illustration of several Interesting and Amusing Acoustical and Optical Phenomena”, Quart. J. Sci., 23: 344-51.

Please cite as “Faraday0648,” in Ɛpsilon: The Michael Faraday Collection accessed on 29 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/faraday/letters/Faraday0648