Macedonio Melloni to Faraday   22 April 1835

Paris ce 22 Avril 1835.

Monsieur

Votre beau frere1 vous aura sans doute ecrit qu'il avait ponctuellement executé, il y a environ 15 jours, la commission dont vous l'aviez chargé: j'ai reçu par son entremise la lettre2 les medailles, et la piece optique dont je lui ai remis le prix.

En attendant quelques jours à vous repondre, j'esperais pouvoir vous communiquer les resultats des recherches physico- mathematiques sur la transmission calorifique que nous avons entreprises M. Biot et moi: mais ces recherches sont devenues beaucoup plus etendues que nous ne l'imaginions, et exigent encore quelques mois de travail3. Aussitôt qu'elles seront finies j'aurai l'honneur de vous en transmettre par ecrit les principales consequences qui nous semblent deja à cet heure conduire à des données assez importantes pour la theorie de la chaleur.

J'ai lu dans le Phil. Magazine un Memoire de M. Forbes4 sur lequel il y a bien des choses à dire. Vous savez Monsieur combien d'objections on avait elevées contre les anciennes experiences de la transmission immediate de la chaleur rayonnante à travers les corps diaphanes: comme elles etaient toutes fondées sur l'echauffement propre de ces corps, j'avais mis, dès mes premieres recherches, le plus grand soin à les detruire; et je crois y être parvenu d'une maniere tout à fait exacte en employant des thermoscopes electriques très delicats en eloignant sufisamment les lames soumises à l'experience. Voila que M. F. ramène la question à son point de depart en appliquant des paquets de mica aux appendices même du thermoscope. Ne pourrait on pas lui dire que les petites differences qu'il observe dans le croisement des axes du mica sont dues à la chaleur ordinaire provenant de l'echauffement du 1er paquet, laquelle chaleur passe un peu plus facilement dans certaines directions; ce qui ne serait pas du tout etonnant après les experiences de M. Mittsherlich sur l'inegale dilatation des differentes dimentions d'un mème cristal5. Et puis quelles sont les bases de ses conclusions? Des differences d'1/3 d'1/4 d'1/2 degré6 et je vous laisse penser ce que sont de telles differences sur un cercle de 2 à 3 pouces de diametre et dans des circonstances ou les alterations de la source calorifique, le contact inegal de l'air sur les deux faces de la pile et autres causes accidentelles peuvent faire varier la position de l'index de la même quantité. Enfin en admettant même les resultats de M. Forbes qui lui ont donné entre autre chose 1/10 de polarisation calorifique à travers deux tourmalines polarisant plus de 9/10 de lumiere, il est fort amusant de voir ce jeune physicien saisir les analogies et laisser de côté les differences: la chaleur rayonnante est selon lui entierement analogue à la lumiere et consistant comme elle en ondes etherées parceque un seul dixieme de chaleur suit les lois de la lumiere et neuf dixiemes des lois differentes7. C'est absolument comme si on disait qu'un mur est plutôt blanc que noir parcequ'il contient 9 fois plus de noir que de blanc! Plusiers savants d'ici ont été choquées de ces inconsequences. M. Biot y fera quelques allusion [sic] dans son rapport sur mes experiences8: j'en dirai aussi deux mots dans une note de mon Memoire qui sera publié contemporanément. Mais tout cela sera fait avec les egards que merite un jeune homme plein d'activité et d'amour pour la science; et pour plus de delicatesse, nous contons même ne pas le nommer9. Si je vous ai parlé un peu lestement de ce Memoire et de son auteur c'est avec l'abandon d'une personne qui n'a rien de caché pour vous - Mais si des faits positifs m'ont prouvé le bon coeur de M Faraday, j'en connais aussi la prudence par reputation -- et je n'ajoute rien de plus. ADieu Monsieur. Je n'ai vu M. Barnard que deux seules fois car une petite indisposition m'a forcé d'aller passer quatre à cinq jours à la campagne: me voila maintenant de retour et parfaitement retabli: je le verrai plus souvent et je ferai tout mon possible pour lui être de quelque utilité pendant son sejour à Paris | votre tres-devoué serv. et ami | Macedoine Melloni.


Address: Monsieur | Monsieur Michel Faraday | Membre des S. R. de Londres et d'E | dimbourg des Academies de Paris, Berlin | Petersbourg &c &c | à l'Institution Royale Londres

TRANSLATION

Paris 22 April 1835

Sir,

Your brother in law10 will no doubt have written to you that he had punctiliously executed, about a fortnight ago, the errand with which you charged him: I received through his mediation the letter11, the medals and the optical instrument for which I paid him.

In holding my response to you for a few days I hoped to be able to communicate to you the results of the physico- mathematical research on heat transmission that we have undertaken, Mr. Biot and I, but this research has become much more extensive than we imagined and requires a few months more work12. As soon as it is finished, I shall have the honour of transmitting to you in writing its principal consequences, which already at this time seem to us to lead to quite important facts for the theory of heat.

I read in the Philosophical Magazine one of Mr. Forbes' papers13 on which I have quite a few things to say. You know, Sir, how many objections were raised against the old experiments of immediate transmission of radiant heat through diaphanous bodies; as they were all founded on the heating of these bodies themselves, I have put, since my first research, the greatest effort in destroying them and I believe I succeeded in a completely exact manner, by using very delicate electric thermoscopes and moving strips submitted to the experiment sufficiently apart. Whereas Mr. Forbes brings the question to its point of departure by applying his mica plates even to the appendices of the thermoscope. Could one not say to him that the small differences that he observes in the increase of the axes of mica are due to the ordinary heat coming from the first plate, heat which passes a little more easily in certain directions; which would not be at all surprising following the experiments of Mr. Mitscherlich on the unequal dilation of different dimensions of the same crystal14. And then, what is the basis for his conclusions? Differences of 1/3, 1/4, 1/2 degree15 and I shall leave you to think what these kinds of differences are on a circle 2 to 3 inches in diameter and in the circumstances where the alteration of this heat source, the unequal contact of the air on the two faces of the pile and other accidental causes can make the position of the index of the same quantity vary. Finally, even accepting Mr. Forbes' results, which have given him amongst other things 1/10 of calorific polarisation through two tourmalines polarising more than 9/10 of light, it is very funny to see this young physicist seize the analogies and leave on one side the differences: radiant heat is, according to him, entirely analogous to light and consisting, like light, of aether waves because one single tenth of heat follows the laws of light and nine tenths different laws16. It is exactly as if one said that a wall was more white than black because it contained 9 times more black than white! Several savants from here have been shocked by this inconsistency. M Biot will allude to it in his report on my experiments17; I shall also say two words about this in a note to my paper which will be published shortly. But all that will be done with the consideration befitting a young man full of activity and of love of science; and to show even more tact, we count on him not even being named18. If I have spoken to you a little offhandedly of this paper and of its author, it is with the abandon of someone who has hidden nothing from you. But if positive facts have proved to me the kindness of Mr. Faraday, I also know his prudence by reputation and I add nothing more. Farewell, Sir. I saw Mr. Barnard but two single times because a small indisposition forced me to spend four or five days in the country: I am back now completely recovered; I shall see him more often and I shall do my utmost to be of some help to him during his stay in Paris. | Your most devoted servant and friend | Macedoine Melloni.

George Barnard.
Letter 773.
Biot and Melloni (1836).
Forbes, J.D. (1835b).
Mitscherlich (1827),
Forbes, J.D. (1835b), 291.
Ibid., 208, 371.
Biot (1835).
See Melloni (1835c).
George Barnard.
Letter 773.
Biot and Melloni (1836).
Forbes, J.D. (1835b).
Mitscherlich (1827),
Forbes, J.D. (1835b), 291.
Ibid., 208, 371.
Biot (1835).
See Melloni (1835c).

Bibliography

BIOT, Jean-Baptiste (1835): “Rapport fait à l'Académie des Sciences, sur les Expériences de M. Melloni, relatives à la chaleur Rayonnante”, Mém. Acad. Sci., 14: 433-572.

MELLONI, Macedonio (1835c): “Observations et expériences relatives à la théorie de l'identité des agents qui produisent la lumière et la chaleur rayonnante”, Comptes Rendus, 1: 503-9.

MITSCHERLICH, Eilhard (1827): “Ueber die Ausdehnung der krystallisirten Körper durch die Wärme”, Pogg. Ann., 10: 137-52.

Please cite as “Faraday0781,” in Ɛpsilon: The Michael Faraday Collection accessed on 1 May 2024, https://epsilon.ac.uk/view/faraday/letters/Faraday0781