Jean-Baptiste-André Dumas to Faraday   24 July 1848

ACADEMIE DE PARIS. | FACULTE DES SCIENCES. | Université de France. | Paris, le 24 Juillet, 1848 | A la Sorbonne.

Mon cher ami, Les événemens si tristes1, mais, hélas si bien prévus, que Paris a du subir n'ont affecté ni moi, ni les Miens d'une manière directe. Mdme. Dumas et moi nous avons été bien touchés de vôtre marque de bonté et de souvenir2; c'est une consolation que cette affection des âmes élevées, comme la vôtre, au milieu d'un désordre moral dont rien ne peut vous donner une idée, et qu'aucune imagination n'aurait certainement pu soupçonner.

Paris était devenu, depuis six mois, le rendez-vous de tous les scélérats de la France et de l'europe. Les uns comme chefs, les autres comme instruments, tous ensemble ils s'étaient proposé le pillage, le meurtre, l'incendie, et tous les désordres comme les moyens de régénérer notre nation, en détruisant sa bourgeoisie et en livrant tous les pouvoirs, toutes les fortunes, et toutes les familles au despotisme et à la brutalité des classes ouvrières.

Tout est voilé ici; les arts, les lettres, les sciences, tout se ressent du deuil universel. Les fortunes, les politoires, les existences, tout a été mis en question par les événements qui se sont succédé.

M. Arago me charge de vous dire combien vôtre bon souvenir lui a été doux au coeur. Sa conduite dans ces dernieres journées de péril a été si ferme et si courageuse, il s'est jeté sur les barricades au milieu des Balles avec tant de résolution, que les personnes qui ont pu le voir dans ces circonstances ont pu croire qu'il cherchait une mort glorieuse, désespérant du salut du pays. Il faut bien convenir que nous en étions tous là, et que cette triste pensée ne pouvait guère s'éloigner de nos coeurs quand nous songions à l'immensité des resources des insurgés et à la faiblesse des moyens de résistance que nous possédions.

Que Dieu vous préserve, mon cher ami, votre pays et vous, de ces lamentables folies! Jamais nous ne cicatriserons les plaies ouvertes et envenimées depuis quelques mois par la presse, les clubs, les sociétés secrètes, et surtout les ateliers nationaux. Partout la haine de toutes les supériorités la soif de toutes les richesses, le mépris de tout ce que l'homme doit respecter; voilà ce qui a fait la base des écrits, des discours et des associations.

J'interromps ma lettre pour lire le billet qui m'annonce la mort d'un ami, blessé il y a un mois. Tous les jours il en est ainsi; les convois se succedènt, et nous sommes loin d'avoir fini ce compte funèbre,

Adieu, mon cher ami, pardonnez-moi si je vous réponds si tard, mais votre lettre ne m'est pas parvenue comme elle aurait du. J'ai changé de logement; me voici à la Sorbonne. Et puis je suis bien découragé, bien triste.

Mille amitiés | Dumas.

Mes respects à Madame Faraday, je vous prie.

ACADEMIE DE PARIS. | FACULTE DES SCIENCES. | Université de France. | Paris, le 24 July, 1848 | At the Sorbonne.

My Dear Friend,

The sad events3, but alas, so well predicted, that Paris has had to undergo have not affected either me or mine directly. Madame Dumas and I were very touched by your kindness in remembering us4; the affection of noble souls such as yours is a great consolation amongst this moral disorder of which nothing can give you an idea, and no one could have imagined.

Paris has become in the last six months the meeting place of all the villains in France and indeed Europe. Some as leaders, others as instruments, all of them together have set their minds on pillage, murder, arson and any kind of disorder as means of regenerating our nation, destroying our bourgeoisie and bequeathing all powers, all wealth and all families to the despotism and brutality of the working class.

Everything is shrouded here: arts, letters, sciences, all are afflicted by a universal mourning. Fortunes, politics, existences have all been put into question by the events that have unfolded.

Mr Arago has asked me to tell you how dear to his heart was the fact that you remembered him. His conduct in these past few perilous days has been so firm and courageous, that he threw himself onto the barricades in the middle of the bullets with such resolve, that the people that were able to see him in these circumstances could have believed he was hoping for a glorious death, despairing of the salvation of our country. I must admit that we were all there, and that we could not distance this sad thought from our hearts when we considered the immensity of the resources of the rebels and the weakness of the means of resistance at our disposal.

May God preserve you and your country, my dear friend, from these lamentable follies. We shall never heal the open wounds that for several months have been poisoned by the press, clubs, secret societies and above all by the national workshops. Everywhere there is a hatred of all superiority, a thirst for all the riches, a contempt for everything a man ought to respect; that is what has formed the basis of writings, discussions and associations.

I interrupt my letter to read a note that informs me of the death of a friend who was wounded a month ago. It is like this every day; one cortège follows another, and we are far from closing this funereal account.

Farewell, my dear friend. Forgive me for responding so late, but your letter did not arrive as it should have done. I have moved. Here I am at the Sorbonne; and then I am very discouraged, very sad.

Yours in friendship | Dumas

My respects to Mrs Faraday, I beg you.

A reference to the insurrection in Paris during May and June (following the abdication of Louis-Philippe as King) which had been violently suppressed by the army. See Ann.Reg.,1848, 264-308.
A reference to the insurrection in Paris during May and June (following the abdication of Louis-Philippe as King) which had been violently suppressed by the army. See Ann.Reg.,1848, 264-308.

Please cite as “Faraday2099,” in Ɛpsilon: The Michael Faraday Collection accessed on 27 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/faraday/letters/Faraday2099