Alexandre-Edmond Becquerel to Faraday   30 December 1853

Monsieur et illustre physicien

il y a bien longtemps que je voulais vous envoyer quelques épreuves de spectres solaires faites sur la préparation chimique que j’ai obtenu il y a plusieures années, (ann. de physique et de chimie 3eme serie tome 25 page 4471.) afin que vous puissiez juger de quelle manière les différentes couleurs de la lumière peuvent se reproduire sur une substance chimiquement impressionnable, et même se conserver pourvu que les impréssions soient conservées a l’abri de la lumière du jour.

je n’ai malheureusement que quelques épreuves assez médiocres, et qui sont même en partie decomposées, par suite des experiences que j’ai faites avec elles; cependant j’ai voulu profiter du depart de Monsieur Odling2 pour londres pour vous les envoyer, car cela me procure l’honneur d’entrer en correspondance avec un des plus illustres physiciens de l’europe. comme actuellement je me remets a travailler de nouveau cette question, je vous enverrai cet été de nouvelles épreuves, car elles sont beaucoup plus belles au moment où on les forme, que lorsqu’on les a faites depuis un certain temps; en effet, chaque fois qu’on les observe à la lumière, les teintes s’alterent un peu.

je vous enverrai également, lorsque la saison permettra de faire les experiences, des images faites à la Chambre obscure et colorées d’elles mêmes, afin de vous montrer que l’on peut peindre avec la lumière, ainsi que je l’ai fait voir il y a bientot six ans. il me restait bien quelques peintures que j’aurais pu vous expédier, mais bien plus alterées que les images des spectres que je vous adresse, et c’est pour ce motif que j’ai mieux aimé attendre une nouvelle occasion.

je regarde donc le problème de la possibilité de peindre avec la lumière, comme scientifiquement resolu. je ne dis pas pratiquement, car les images sont assez longues a obtenir, et une fois obtenues, elles ne sont fixes qu’autant qu’on les conserve à l’obscurité. la substance chimiquement sensible, qui a reçu des teintes diverses, n’a pas perdu toute impressionnabilité pour cela, et change encore quand on l’expose a l’action d’une lumière quelconque. je n’ai pas encore pu fixer les teintes de façon a ce qu’elles ne changent plus même a la lumière; je ne sais si cela est possible mais je cherche toujours a resoudre la question.

pour voir les images que je vous adresse il est nécessaire de les regarder dans une piéce bien eclairée, mais de ne les considérer que peu de temps, et de les enfermer bien vite dans une boite pour les laisser à l’obscurité jusqu’à ce que on veuille les voir de nouveau. on peut les regarder aussi a la lampe. à chaque fois qu’on les observe, elles s’alterent de plus en plus; car telles qu’elles sont, elles sont deja bien alterées et bien moins belles que lorsque je les ai faits il y a 5 ans.

je termine cette lettre, Monsieur, en me felicitant que ce petit envoi m’ait donné l’occasion d’avoir l’honneur de vous écrire, et de vous prier d’agréer l’assurance de la plus haute consideration d’un de vos admirateurs

Edmond Becquerel

30 decembre 1853 | Paris 57 rue Cuvier. au jardin des plantes.

TRANSLATION

Sir and Illustrious physicist

I have for a long time wanted to send you some prints of the solar spectra made on a chemical preparation which I obtained several years ago (Annales de physique et de chimie 3rd series, volume 25, page 4473), so that you may judge in what way the different colours of light can be reproduced on a substance on which an impression can be made chemically, and even be preserved, provided that the impressions are kept hidden from the light of day.

I have unfortunately only a few prints of mediocre quality, and which have to a certain extent decomposed, because of the experiments I have carried out with them; however, I wanted to take advantage of the visit to London of Mr Odling4 to send them to you, since that procures for me the honour of entering into correspondence with one of the most illustrious physicists in Europe. Since I intend shortly to work on this question again, I will send you new prints this summer, for they are much more beautiful at the moment they are made than those made a while ago; in fact, each time one observes them in the light, the tints change a little.

I shall also send you, when the season allows the experiments to take place, naturally coloured images made in the Camera Obscura, in order to show you that one can paint with light, as I showed six years ago. I still have some pictures that I could send you, but they are much more altered than the images of the spectra that I am sending, and that is why I have preferred to wait for another occasion.

I regard therefore the problem of the possibility of painting with light as scientifically proven. I am not saying practically, since it takes a long time to obtain the images, and once obtained, they are not fixed unless they are kept in darkness. The chemically sensitive substance, which received the various tints, has not lost all its impressionability for that and still changes when it is exposed to any kind of light. I have not been able to fix the colours in such a way that they no longer change in the light; I do not know if it is possible, but I am constantly searching to remedy this situation.

To see the images that I am sending you, it is necessary to look at them in a well lit room, but to look at them only for a short time, and to put them back quickly in a box in order to leave them in darkness until they are to be viewed again. You can also look at them under a lamp. Each time they are observed, they alter a little more; for such as they are, they are already very different and far less beautiful than when I made them five years ago.

I end this letter, Sir, congratulating myself that this little parcel has given me the opportunity to write to you, and I ask you to accept the assurance of the highest consideration of one of your admirers | Edmond Becquerel

30 December 1853 | Paris 57 rue Cuvier. at the Jardin des Plantes.

Becquerel (1849b).
William Odling (1829-1921, DSB). Chemist at Guy’s Hospital.
Becquerel (1849b).
William Odling (1829-1921, DSB). Chemist at Guy’s Hospital.

Bibliography

BECQUEREL, Alexandre-Edmond (1849b): “De l’image photo-chromatique du spectre solaire, et des images colorées obtenues à la chambre obscure”, Ann. Chim., 25: 447-74.

Please cite as “Faraday2772,” in Ɛpsilon: The Michael Faraday Collection accessed on 28 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/faraday/letters/Faraday2772