Georges-Mathilde-Ernest Degrand to Faraday   11 November 1859

MINISTERE | DE L’AGRICULTURE DU COMMERCE | ET DES TRAVAUX PUBLIQUES | PONTS ET CHAUSSÉES | SERVICE CENTRAL | DES | PHARES ET DU BALISAGE. | ÉTABLISSEMENT CENTRAL | (Quai de Billy N°. 58)

A Paris, le 11 Novembre 1859 | L’Ingénieur ordinaire du Service central des Phares et du Balisage, | à Monsieur Le Professeur Faraday

Cher et honoré Monsieur,

Conformement aux ordres de Monsieur l’inspecteur General Reynaud je viens d’adresser à Monsieur l’Amiral Gordon une caisse contenant des échantillons des divers lentilles moulées que nous avons déjà fait exécuter.

Comme les specimens seront sans doute soumis à votre examen, j’ai pensé que vous me pardonneriez la liberté que je prends de venir vous fournir à leur sujet quelques indications.

Vous savez, Monsieur, que le moulage des lentilles n’est certainement pas chose entièrement nouvelle; la première lentille à echelons qui ait existé, celle qui avait appartenu à Buffon1 était en une seule pièce et avait par conséquent été moulée; sans aller chercher si loin, depuis un certain nombre d’années on a exécuté en France de petits fanaux pour les navires dont l’appareil n’est autre chose qu’une lentille moulée; mais dans les divers essais qui avaient été faits, soit qu’on eut laissé de trop grandes differences d’épaisseur entre les différentes parties des lentilles, soit que les profils eussent été mal calculés, les résultats obtenus avaient été à peu près négatifs.

Le principal mérite des échantillons que nous envoyons à la corporation de Trinity House, c’est donc d’être assez bien réussis pour que l’éclairage qu’ils produisent soit comparable à celui obtenu des verres taillés de dimensions analogues.

Il est probable que ce résultat, indépendamment des dispositions spécials adoptés pour les moules, tient surtout à ce qu’en multipliant les echelons, les saillies sont devenus beaucoup moindres et que par suite le moulage a pu devenir plus exact.

Ainsi les deux pièces de manchon cylidrique marqués E/1 et E/2 me semblent proportionnellement donner des résultats plus satisfaisants que celles marquées D/1, D/2, D/3, D/4 dont les saillies sont beaucoup plus forts.

Cependant dans le manchon E/1 et E/2 les choses ont été peut être poussées à l’extrème afin d’obtenir une sorte de glace striée lenticulaire, et d’après les expériences que nous avons déjà faites, je pense que ce serait un moyen terme entre les pièces E et les pièces D qui donnerait sous le rapport de l’epaisseur de verre et des nombres d’echelons les meilleurs résultats

Il ne faut donc pas considérer les échantillons envoyés comme le dernier mot de ce qu’on peut obtenir par ce procédé, mais bien comme des spécimens de nature à donner une idée de ce qu’on obtiendra certainement lorsqu’on aura acquis une plus grande expérience dans ce genre de travail encore tout nouveau pour la cristallerie qui l’exécute.

Voici la liste de Vos échantillons avec l’indication des repaires qui serviront à réunir les diverses pièces d’une même lentille dans le cas où on voudrait les monter sur des armatures.

II A/1 et A/2 … sont les deux moitiés d’une lentille annulaire plan-convexe de 0m,255 de largeur sur 0m,51 de hauteur et de 0m,30 de distance focale principale. = Cette lentille est semblable à celles de la partie mobile de l’appareil de Walde et son effet utile a été trouvé presque supérieur à celui d’une lentille en verre taillé de dimensions analogues.

III B/1 et B/2 … sont le deux parties d’un douzième de manchons cylindriques à feu fixe semblable à celui de la partie fixe de l’appareil de Walde = La distance focale principale ou rayon de manchon est de 0,23.

Cette lentille, comme la précédente, est destinée à être illuminée par une lampe à deux mèch[e]s concentriques du genre de celles du 3e ordre.

VI & VII C/1, C/2 C/3 … sont trois spécimens d’anneaux catadioptriques de l’appareil de Walde = ils ont cela de particulier qu’ils sont à échelons, mais du reste ils laissent à désirer; et ceux placés sur l’appareil sont de beaucoup supérieurs.

IV D/1, D/2, D/3, D/4 … sont les quatre portions d’un quart de manchons à feu fixe de 0m,30 de diamètre = D’áprès les expériences faites avec M Reynaud ce simple tambour produit un effet égal à celui d’un appareil entier catadioptrique de 0m,30 en verre taillé bien que celui-ci soit disposé pour utiliser un angle de lumière plus considérable.

Les échelons extrèmes des pièces marquées D/1 et D/4 ne laissent passer que très peu de lumière et à l’avenir on diminuera les pièces de 0,05 chacune de manière à ne donner au manchon qu’une hauteur totale de 0m,40; ils seront employés dans cet état pour feux de port.

V E/1 et E/2 ... sont les deux parties d’un quart de cylindre à feu fixe de 0m,26 de diamètre interieur. Les verres de ce genre employés pour feux de port donnent un éclairage de Sept becs carées, tandis que les appareils indiraux que nous avons employés jusqu’à présent (appareils à réflecteurs) ne donnent que quatre becs seulement en dépensant plus d’huile et en coûtant plus cher à établir.

Nous avons déjà en service en France 6 fanaux en verre strié de ce genre et on est très satisfait du résultat obtenu.

Je vous demande mille pardons, Cher et honoré Monsieur, de vous avoir dérangé un instant de vos nombreuses et importantes occupations en venant vous donner d’aussi longs détails au sujet de cet envoi de verre moulés, mais vous nous avez laissé paraitre tant de sentiments bienveillants lorsque nous avons eu l’honneur, Monsieur l’inspect. G-al. Reynaud et moi de nous trouver en rapport avec vous, que j’ai pensé que vous m’excuseriez = même si je l’ai fait trop longuement = d’être venu vous entretenir d’un objet qui a paru vous inspirer quelque intéret lorsque vous avez bien voulu examiner l’appareil du fanal de Walde près de Calais.

Permettez-moi de profiter de cette circonstance pour vous prier, cher et honoré Monsieur, d’agréer l’expression des sentiments de respect et de haute considération avec lesquels je suis, | Votre bien dévoué serviteur, | Degrand

TRANSLATION

MINISTERE | DE L’AGRICULTURE DU COMMERCE | ET DES TRAVAUX PUBLIQUES | PONTS ET CHAUSSÉES | SERVICE CENTRAL | DES | PHARES ET DU BALISAGE. | ÉTABLISSEMENT CENTRAL | (Quai de Billy N°. 58)

Paris, 11 November 1859 | The senior engineer of the Central Service of Lights and Beacons, | to Mr. Professor Faraday

Dear and honored Sir,

In accordance with the orders of Inspector General Reynaud, I have just sent to Admiral Gordon a case containing various moulded lentil samples that we have already made.

As the specimens will probably be submitted to your scrutiny, I thought that you would forgive the liberty that I take to provide you with some details about them.

You know, Sir, that the moulding of lentils is certainly not an entirely new thing; the first rib lentil in existence, was the one that belonged to Buffon2: it was made of one single piece and had therefore been moulded; without searching too far, for a number of years, the apparatus used in small lanterns for French ships has been nothing other than a moulded lentil; but in the various tests that had been done, rather negative results had been obtained, either because too great differences of thickness between the different parts of the lentil had been left, or because their profiles had been badly calculated.

The main merit of the samples that we are sending to the Corporation of Trinity House, is, therefore, that they have been rather well made, so that the light that they produce can be compared to that of cut lenses of similar dimensions.

It is likely that this result, independent of the special care taken with the moulds, comes, above all, from the fact that in multiplying the ribs, the unevenness has become a lot less pronounced and thus the mould has become more precise.

Thus the two pieces of the cylindrical mantle labelled E/1 and E/2 seem to me to give proportionately better results than those marked D/1, D/2, D/3, D/4 of which the unevenness is much more marked.

However, in the mantle E/1 and E/2 things have been pushed to their limit in order to obtain a kind of lens glass with straies and following the experiments we have already carried out, I think that somewhere between pieces E and pieces D would, with regard to the thickness of the glass and the number of ribs, produce the best results.

Please do not consider the samples we have sent as the best that can be obtained by this process, but as specimens to give an indication of what will certainly be achieved when greater experience has been acquired in this kind of work, which is still very new to the glassworks that is carrying it out.

Below is a list of the samples with an indication of the pairings that will serve to unite the various pieces of a same lentil should you wish to test them.

II A/1 and A/2 … are the two halves of a plano-convex annular lentil of width 25.5cms, height 51cms and main focal length of 30cms.- This lentil is similar to the lentils in the mobile part of the apparatus at Walde and its useful effect has been found to be nearly superior to that of a cut glass lentil of similar dimensions.

III B/1 and B/2 … are the two parts of a dozen cylindrical mantles with fixed light similar to the fixed part of the apparatus at Walde - the principal focal length or mantle beam is 23cms.

This lentil, like the previous one, should be lit by a lamp with two concentric wicks of the kind of those of the third order.

VI & VII C/1, C/2, C/3 … are three examples of catadioptric rings of the apparatus at Walde – only the fact that they are ribbed is of interest, but, as to the rest, they leave much to be desired; and those mounted in the apparatus are much superior.

IV D/1, D/2, D/3, D/4 … are the four quarters of a four-part mantle with fixed light of a diameter of 30cms – according to the experiments carried out with Mr Reynaud this simple hoop produces an effect equal to that of an entire catadioptric apparatus of 30cms of cut glass even though the former is disposed to produce a considerably larger angle of light.

The outside ribs of the pieces marked D/1 and D/4 let but a very little light through and in the future each of the pieces will be reduced by 5cms so as to give the mantle a total height of 40cms; they will be used in this state as port lights.

V E/1 and E/2 … are two pieces of a four-part cylinder with fixed light of an interior diameter of 26cms. Lenses of this kind used as port lights give a level of light of seven square burners whilst the indirect apparatus which we have used up to now (apparatus with reflectors) gives only [the equivalent of] four burners whilst using more oil and being more expensive to set up.

We already have in use in France six lights of glass with straies of this type and the results obtained are very satisfactory.

I ask a thousand pardons, dear and honourable Sir, to have taken you away for an instant from your numerous and important occupations, in having just given you such extensive details on the subject of moulded lenses, but you showed us so much kindness when we had the honour, Inspector General Raynaud and I, to be in contact with you, that I thought you would excuse me – even if I have done so at length – for talking to you on a subject which seemed to inspire some interest when you expressed a wish to examine the light apparatus at Walde near Calais.

Permit me to take advantage of this circumstance to ask you, dear and honourable Sir, to accept the sentiments of respect and high esteem, with which I am, | Your very devoted servant, | Degrand

For an expanded discussion of this, see letter 3687.
For an expanded discussion of this, see letter 3687.

Please cite as “Faraday3673,” in Ɛpsilon: The Michael Faraday Collection accessed on 20 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/faraday/letters/Faraday3673