Lambert-Adolphe-Jacques Quetelet to Faraday   18 January 1864

Académie Royale | des | Sciences, des Lettres, et des Beaux-Arts | de Belgique. | Bruxelles, le 18 janvier 1864

Mon cher et respectable ami,

J’aurois du vous remercier depuis longtemps de la lettre obligeante que vous avez bien voulu m’adresser, à la fin de l’année dernière, pour la communication des publications de notre Académie. Cette communication Vous etoit due sous tous les rapports: si je ne craignois de blesser votre modestie, je dirois que nous devons avant tout nos travaux aux princes de la science; et sous ce rapport nul ne les mérite mieux que vous. Permettez moi d’ajouter qu’à l’âge ou je suis, il est d’autres qualités que j’estime plus encore que les grands talents, je ne dirai pas les quelles, parceque je craindrois de blesser Votre modestie: je dirai seulement que s’il est des manifestations qui peuvent me toucher vivement, ce sont celles qui me sont adressées par des gens de bien, par des hommes d’honneur devant les quels tous les autres doivent s’abaisser.

Je me rappeleroi toujours avec plaisir les jours que j’ai passés en Angleterre pendant l’exposition des différentes nations et les bontés dont Vous m’avez comblé. Je ne dois plus retourner en Angleterre, je verrois avec trop de chagrin le palais où se trouvait le meilleur des princes. Je sais que Vous le receviez avec plaisir à vos cours de physique et je sais toute l’estime particulier qu’il avait pour vos talents et votre personne: c’est par ce motif que je ne crains pas de Vous en dire quelques mots.

Je vous serois bien reconnaissant, mon cher et illustre ami, si en pensant à la Belgique et à mon excellent ami Plateau, car je sais l’amitié que vous portez à cet excellent confrère, vous vouliez bien penser quelques fois à moi, car je puis le dire, dans dépasser les limites du vrai, il n’est personne pour qui je professe plus de respect et d’estime. Excusez moi d’exprimer des sentiments qui peut être Vous paraitront polis, mais qui sont vrais avant tout et que je tiens à Vous exprimer. Je vous prie de vouloir bien me rappeler au souvenir de Madame qui contribuait si fort à faire Votre demeure une des plus heureuses et des plus honorables que j’ai connues.

Je ne vous parlerai pas des souffrances que j’ai éprouvées moi même, de la perte de ma femme, de ma fille, de mon petit fils. Tous ces malheurs m’ont frappé presqu’en même temps. Ma fille a succombé un an avant l’excellent prince Albert et le même jour!

Adieu, mon excellent, mon Vénérable ami; j’ose me servir de cette expression puisque Votre excellente lettre m’autorisé en quelque sorte à le faire. Recevez l’expression de ma plus profonde Vénération.

Tous à vous | Quetelet

A Monsieur Faraday, &c

TRANSLATION

Académie Royale | des | Sciences, des Lettres, et des Beaux-Arts | de Belgique. | Brussels, 18th January 1864

My dear and respected friend,

I should have thanked you long ago for the obliging letter you kindly sent me at the end of last year, for the communication of the publications of our Academy. This communication was due to you in every respect, if I did not fear wounding your modesty, I would say that we owe, above all, our work to the princes of science; and in this respect, there is none who merits this [title] more than you. Allow me to add, that at the age at which I am, there are other qualities which I esteem even more than great talent; I will not say which, as I fear wounding your modesty: I will only say that if there is anything that can touch me deeply, it is kindness shown to me by good people and men of honour before whom all others ought to humble themselves.

I still recall with pleasure the days which I spent in England during the exhibition of the different nations and the kindnesses with which you showered me. I will not return to England again, as the sight of the palace where the best of princes is to be found would fill me with too much sorrow. I know that you used to receive him with pleasure at your physics lectures, and I know all of the particular regard which he had for your talents and for your person, and it is for this reason that I do not fear saying these few words to you about him.

I would be very grateful to you, my dear and illustrious friend, if, whilst thinking of Belgium and of my excellent friend Plateau, for I know the friendship you have for this excellent colleague, you would sometimes also think of me, as I can say, without transgressing the bounds of truth, that there is no one for whom I profess more respect and esteem. Excuse me for expressing these sentiments which may seem [only] polite to you, but which are true above all things, and which I would like to express to you. I ask that you kindly recall me to the memory of Mrs Faraday who contributed so much to making your house one of the happiest and most honourable I have ever known.

I will not speak to you of the sufferings I have myself experienced, from the loss of my wife, my daughter, and my grandson. All these misfortunes have hit me almost at the same time. My daughter died one year before the excellent Prince Albert, and on the same day!

Adieu, my excellent, my venerable friend; I dare to employ this expression since your excellent letter authorised me in some way to do so. Receive the expression of my most profound veneration.

All yours | Quetelet.

Mr. Faraday

Please cite as “Faraday4425,” in Ɛpsilon: The Michael Faraday Collection accessed on 5 June 2025, https://epsilon.ac.uk/view/faraday/letters/Faraday4425